La notion d’équipe est au cœur du développement d’un produit digital. Comment la chérir ?
L’Olympique de Marseille de Marcelo Bielsa saison 2014/2015, la victoire de Ferrari au Grand Prix de Formule 1 de Monaco en 2024, l’AFC Richmond de la formidable série Ted Lasso … Ces exemples légèrement personnels me guident toujours lorsque j’accompagne une équipe. Selon moi, l’esprit d’équipe est primordial dans la mise en place de l’Agilité et du développement d’un produit.
Alors comment on crée cet esprit d’équipe ?
Lors de la formation d’une équipe, il y a tout d’abord une phase d’observation entre chacun de ses membres. On apprend à se connaître, on définit nos rôles et notre façon de travailler, on va boire les premiers cafés ensemble.
Naît ensuite une phase d’apprentissage, chacun teste les limites de l’autre, on se challenge. Durant cette phase, tout n’est pas tout rose. On peut souvent ne pas être d’accord. Mais, on commence à comprendre vraiment comment les autres fonctionnent, quelles sont leurs motivations, leurs appétences, ce qui compte pour eux et ce qui compte pas. Pour cela, on peut mettre en place des ateliers de Management 3.0 tel que les Moving Motivators ou autour des attentes grâce au Delegation Poker.
Tout est encore très individuel dans ces deux phases, et c’est bien normal. Des leaders peuvent commencer à émerger et c’est là qu’il ne faut pas louper le coche afin de créer une culture vertueuse et collective au sein de l’équipe. Pour être une équipe, il faut que ses leaders incarnent son esprit. Il est nécessaire que ce leadership soit au service du collectif.
C’est à ce moment que l’équipe va commencer à vouloir normaliser sa façon de travailler : créer des habitudes, des réflexes ou des routines. L’intelligence collective est à encourager dans cette phase, afin que chacun participe activement à la vie de l’équipe et sa façon de travailler.
Lors de ces trois phases de création de l’équipe, je ne peux que conseiller d’encourager l’émergence de l’esprit d’équipe : mettre le collectif avant l’individu, faire que tout le monde participe activement, mettre en place l’entraide. Cet esprit d’équipe, on ne peut le créer mais il faut absolument encourager son émergence et ensuite en prendre soin.
Il y a des phrases qui me font plaisir lorsque j’accompagne une équipe.
“On a réussi notre objectif de sprint”
“Ok, ce problème est arrivé mais maintenant on va trouver une solution”
“On a fait du bon travail”
Ces phrases ont toutes un point commun : le “on”. Ce “on”, je le recherche, je le poursuis, je veux qu’il apparaisse dans les équipes que je guide. Ce “on”, c’est pour moi la récompense la plus valorisante. C’est pour moi le signe d’une équipe qui s’est construite et qui travaille réellement ensemble.
On dit souvent que le Scrum Master a réussi lorsqu’il peut sortir de l’équipe et que l’équipe continue de délivrer et de performer. Moi, je pense qu’un.e Scrum Master a réussi lorsque ce “on” est naturellement présent dans l’équipe.
En revanche, à trop utiliser le “on”, on peut en oublier le “tu”. C’est un équilibre à trouver. Lorsque toute l’équipe est présente ou devant des stakeholders, utilisons le “on”. En tête à tête avec un.e collègue, utilisons le “tu”. Le collectif ne doit jamais effacer l’individu.
Après tout, pourquoi vouloir cet esprit d’équipe ? On pourrait juste se contenter de bien travailler, de défendre chacun son rôle et ses responsabilités. Ça pourrait fonctionner. Pour moi, le travail a un sens profond. Le développement de produits digitaux a ses travers, parfois trop individualiste et brutal, poussant au burn-out un trop grand nombre de personnes. En revanche, le développement de produits digitaux brille quand il réussit son défi d’aligner un groupe de personnes à aller dans la même direction, à atteindre le même but, dans la co-construction en équipe et l’épanouissement de chacun.
Chaque jour et chaque daily, partager et aligner les priorités de la journée.
Chaque semaine et chaque sprint, s’engager collectivement sur l’objectif à atteindre.
Chaque mois et chaque PI Planning, râler tous ensemble de ces journées bien trop longues.
Je crois sincèrement au travail comme outil social, pour permettre à des individus de faire partie activement d’une histoire collective. Et pour moi, il n’y a rien de plus rassurant et motivant au travail que d’être au sein de mon équipe, dans la joie, le non-jugement, l’écoute et le sérieux pour pouvoir attaquer les défis qui nous attendent.
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